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 Sa diagonale de fou

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bernard

bernard


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MessageSujet: Sa diagonale de fou   Sa diagonale de fou EmptyVen 13 Nov - 19:57

Grand Raid de la Réunion 2009

Evoquer le GRR quand on a bouclé le parcours, rappelle une foule de souvenirs, aussi contrastés qu’un farniente au bord du lagon et une grimpée de DOS D’ÂNE après 2 nuits blanches.
Ces moments magiques qui pimentent la vie l’espace d’une Diagonale un peu folle laissent une empreinte indélébile ; je ne parle pas des quelques jours de claudication qui suivent inévitablement l’épreuve, mais plutôt d’une marque intérieure, un tatouage cérébral représentant des courbes et des mots forts comme VOLCAN, CILAOS, MAFATE, DOS D’ANE, COLORADO, STADE DE LA REDOUTE. Il n’y a qu’à fermer les yeux et suivre les lignes du graphique pour voyager intensément.
CAP MECHANT, 23h30. Je viens juste d’arriver, en courant sous la pluie les 2 derniers km, car les embouteillages sont tels que notre équipe LEGENDRE BRETAGNE (constituée de Julien CHORIER, Albert VALLEE, Lionel EVENO, Yohan SERAZIN et moi) croyait bien rater le départ !
Contrôle rapide du sac, je suis appelé par l’organisation pour me placer en première ligne. A l’abri sous ma Gore tex, je suis bien détendu. Ce petit footing improvisé avait du bon finalement. Tous les favoris réunionnais et métros sont réunis. Nous échangeons nos vœux de réussite. L’ambiance est originale, l’attention fixée sur la pluie. Nos fronts ruissellent déjà alors que nous n’avons pas pris le départ ! Les pieds sont trempés, comme ça, pas la peine de faire dans la dentelle : droit dans les flaques !

00h00 : Denis BOULLE, organisateur, a bien du mal à contenir la foule de raideurs. Au mépris de tout décompte, c’est parti !!!
A fond comme toujours, le GRR est lancé, crachant les coureurs hors du stade comme la lave du volcan qui nous attend 2 500 m plus haut.
Je trouve un rythme confortable et m’y cale. Il y a du monde devant, sans doute une centaine de concurrents. J’apprécie ma veste. Au sec pour le haut du corps, j’avance dans la nuit avec facilité. Le chemin pour rejoindre le sentier du volcan est jonché de flaques. Peu à peu, je remonte sur les coureurs, sans modifier mon allure. J’aime bien ce départ en légère montée, 15 km réguliers pour rentrer dans la course. Je me trouve physiquement en de bonnes dispositions et suis surpris d’être si loin, 50ème à l’amorce du sentier du volcan.
L’univers Grand Raid commence ici. Mélange de cailloux et racines dans une pente à 20 -30%, rendue glissante par la pluie ; il faut être vigilant sur la pose du pied. Je m’aide souvent des mains pour me hisser dans les parties les plus techniques. C’est assez ludique, et je mène un bon train, rattrapant pas mal de gars. Le caractéristique crissement de cailloux volcaniques sous mes chaussures LAFUMA m’indique que j’approche du sommet.
La soudaine vue dégagée sur la côte illuminée, 2 000 m en contrebas, est aussi saisissante que le froid environnant.
Moi qui avais ouvert en grand ma veste à mi-pente lorsqu’il ne pleuvait plus, je remonte zip et capuche en me félicitant de ce choix vestimentaire.
Le terrain est vallonné à présent, permettant de courir, ce qui me réchauffe au passage. Je ne m’arrête pas à FOC FOC, préférant le ravito du volcan 7 km plus loin.
Je ne vois quasiment plus de coureurs devant, les écarts sont conséquents. Il faut redoubler d’attention pour trouver le bon chemin, marqué par la peinture du GR et quelques rubalises accrochées dans les buissons ras. Je me trompe juste une fois, courant presque en parallèle de la bonne piste lorsque j’aperçois deux frontales. Que de cailloux déchiquetés ! Il faut avoir le pied agile !
Je gagne encore quelques places et parviens au ravitaillement du VOLCAN en 4h14’, environ 25ème. C’est plus que mes 2 autres éditions, 4h11’ et 4h02’, peut-être est-ce dû à la pluie, ou alors je suis plus pépère. En tout cas, c’est conforme au plan, tranquille jusqu’à KERVEGUEN où la course débute réellement.

La montée jusqu’à l’ORATOIRE SAINTE THERESE est raide mais de courte durée, ponctuée de relances sur un mono sentier sinueux. La vue est très dégagée sur la multitude de frontales qui me suivent. A 3 reprises, j’aperçois au loin des éruptions volcaniques, illuminant d’orange les nuages bas.
Au point culminant, j’ai les doigts engourdis par le froid. J’amorce la descente. C’est parti pour 800 m et 13 km avant MARE A BOUE. D’abord technique, voire très technique, le chemin finit par serpenter dans les prairies, sur un sol souple. Le jour se lève, j’ai devant moi 13h pour couvrir un maximum de trajet avant la prochaine nuit.
Thierry CHAMBRY me rejoint. Nous courons un bon bout ensemble en échangeant nos impressions. Comme moi, il trouve que davantage de coureurs ont un haut niveau. Cette discipline regroupe de plus en plus d’excellents jeunes athlètes, venant se tailler une part de bonheur et une part des honneurs. Voilà qui pousse à se perfectionner pour que la réussite ne soit pas qu’éphémère.
Pour l’heure, c’est la pluie qui semble l’avoir été, faisant place à un ciel d’un bleu engageant.
J’atteins la route, portion pénible qui nous sépare de 4 km du ravito. J’arrive 19ème à MARE A BOUE. Je dépose ma veste et la remplace par une plus légère. Idem pour la lampe frontale, afin d’être le plus léger possible. Je prends une soupe et repars en direction de KERVEGUEN.

C’est pour moi la partie la plus pénible du parcours. 900 m de D+ sur une douzaine de km, en plein soleil, sur un sentier parsemé d’embûches, d’échelles, de passages tortueux, sur un rythme élevé malgré tout. Je fais le yoyo avec Wilfrid OULEDI. A ce petit jeu, nous avançons bien. Il se faufile aisément dans ce chaos rocheux en soufflant profondément. Nous dépassons quelques coureurs et arrivons en vue du PITON DES NEIGES pour un ravito bien venu. Me voilà 16ème. Nicolas MERMOUD jette l’éponge. Ce n’était pas un bon jour. Pour moi, la course commence ici même, à l’attaque de la formidable descente pour CILAOS. Ravitaillement rapide, petit échange avec Nicolas, je reprends mon chemin, croisant Guillaume LENORMAND et Claude ESCOT sur le petit aller/retour de ce point du parcours.

Mes premières sensations dans cette forte descente sont prometteuses. Les cuisses répondent parfaitement, je suis très souple, et le cœur en profite pour tourner au ralenti.
Nouveauté : les nombreuses coupes sont fermées par de la rubalise, et il me semble bien que des commissaires de course veillent au grain. C’est une bonne chose, aussi bien pour l’écologie que pour l’éthique !
Mieux vaut ne pas compter les virages ! De rapides coups d’œil vers CILAOS m’informent de mon approche. La chaleur monte à mesure. Je quitte la forêt de Cryptomerias et leur ombre bienfaitrice pour déboucher sur la route de CILAOS. A ce point, je rattrape Didier MUSSARD qui semble décidé à abandonner. Je l’encourage pour une prochaine fois et il me souhaite une bonne course. Sympa.
On ne peut pas dire qu’il soit agréable de fouler le macadam après 9h30 de trail, mais dans un sens, ce sont des km faciles toujours bons à prendre. Je rattrape une fois de plus Wilfrid avant d’entrer dans le stade de CILAOS. L’ambiance y est toujours aussi chaleureuse et les lieux bien accueillants pour la restauration et le repos. Mais l’heure n’est pas à la dilettante et je m’efforce d’optimiser l’arrêt. Pas plus de 4 minutes, juste le temps de prendre une soupe et de remplir le Camel de boisson GO2.
13ème et bien en forme, je suis assez optimiste pour la suite. J’ai encore un petit quart d’heure de retard sur mon passage de l’an dernier, mais à présent j’accélère le rythme, bien décidé à entrer dans les 5.

On pourrait se croire arrivé au terme de la descente, une fois à CILAOS, et bien non, il reste 300 m pour mieux apprécier la montée du TAÎBIT, 1 260 m + en moins de 6 km. Du costaud, surtout que le soleil tape sur cette partie. Je trempe ma casquette dans les petits ruisseaux pour me rafraîchir. C’est une habitude qui m’évite la surchauffe et les problèmes de digestion qui s’ensuivent. Je cours davantage en montée et augmente la cadence dans les relances. C’est efficace car je débouche au début du TAÏBIT en 10ème position. Je retrouve Céline, la femme de Julien CHORIER, pour un ravitaillement express. Julien est passé 1er, formidable. Je demande mon écart avec le 5ème, 37 minutes, c’est tout bon. Cette poursuite ludique transforme ma course. D’une allure économique en vue de terminer, je passe en mode action, toujours à l’écoute des sensations pour m’alimenter aux bons moments, mais constamment sur la relance et la recherche de la meilleure trajectoire. Le temps passe vite et le mental au top favorise le bon fonctionnement général.
Comme l’année dernière, à mi – côte, un petit groupe de Réunionnais propose sa « tisane ascenseur », ainsi qu’une douche, simple filet d’eau sortant d’un tuyau pendant d’un arbre. Va pour la douche !
L’effet bienfaisant est immédiat, et, bien mouillé, je continue alternant marche et course à la moindre occasion. Depuis CILAOS, je cours souvent avec Fabrice PERIANAYAGOM, jeune Réunionnais qui paraît bien gérer son affaire. Ennuyé par des soucis gastriques dus au froid de la nuit, il a du mérite, et j’ai dans l’idée que l’on n’a pas fini de le voir aux avants – postes.
Nous basculons enfin dans la descente pour MARLA. 500 m – en 2 km. Psychologiquement, c’est bon d’avoir dépassé la moitié du parcours. Déjà 80 km et 5 500 m+. Ce n’est plus qu’une question de patience, et s’accrocher, toujours positiver.
MARLA, 12h21, 9ème, je ne suis plus qu’à 25 minutes du 5ème. Au moment de repartir, il me semble être appelé. En effet, c’est Sébastien CHAIGNEAU, qui stoppe là à cause d’une inflammation du releveur, la poisse. Que dire dans une situation pareille ? C’est la grosse déception. Nous nous quittons sur ce triste épisode, mais nous nous promettons un autre ultra.

MAFATE est un domaine extraordinaire. Les parois abruptes, les sentiers bourrés de cailloux et rochers. On découvre son chemin au fur et à mesure. A la limite, il vaut mieux, car une vue d’ensemble serait impressionnante et sans doute trop décourageante.
J’aperçois Nicolas DARMAILLACQ devant moi. Peut-être ferons-nous un bout ensemble. Le souvenir de notre arrivée 2008 main dans la main me revient immédiatement.
Le poste de ROCHE PLATE apparaît soudain. Je rejoins Nico, qui ne se sent pas trop bien. C'est raté pour une remontée commune. Je suis ravitaillé par Anne-Marie, une amie qui a proposé de nous aider, Julien et moi, sur ce point éloigné du parcours. C’est vraiment un secours précieux et sympathique. Je recharge en gels, bananes et lampe frontale plus performante.
Il est 14h17, Julien caracole en tête avec plus d’1h15 sur moi ! C’est dingue !!! Pourtant, je ne chôme pas.

Je repars 6ème, à 23 minutes du 5ème, j’ai en tête la montée de GRAND PLACE LE HAUT, terrible ascension de 600 m + en seulement 1,5 km ! C’est tellement pentu que des marches en béton sont coulées pour éviter le ravinement. Et quelle hauteur de marches ! L’hélicoptère qui me tourne autour depuis un bon moment en profite pour filmer à son aise.
C’est un passage éprouvant musculairement. Le seul avantage, c’est que le pourcentage est tel qu’on avale vite du dénivelé. Au-dessus de moi, j’entends les voix des contrôleurs me signalant la fin de la montée. Bien encouragé, j’y parviens, et ils m’annoncent en 5ème place, de par l’abandon de Freddy THEVENIN ! 1er objectif atteint. Par curiosité, je demande à combien se trouve le 3ème, réponse : 25’. Il ne m’en faut pas plus pour trouver un regain d’énergie.
J’arrive ainsi à GRAND PLACE LE BAS en coup de vent, m’arrête pour une soupe et 2 bananes et repart aussitôt.

La suite permet de tenir un bon rythme. Pas trop d’obstacles avant AURERE, suivi d’une belle descente jusqu’à RIVIERE DES GALETS – 2 BRAS.
Je suis presque tenté de renfiler ma veste, car la fraîcheur retombe, avec quelques gouttes. Mais je suis trop concentré sur ma foulée pour l’instant. D’immenses bambous bordent le chemin, vraiment impressionnants. Ils me rappellent qu’ AURERE approche.
En quelques instants, des enfants m’accueillent et m’accompagnent, en riant et se passant le message que je suis 4ème ! Je n’ai pourtant doublé aucun coureur !
Au ravito, j’apprends que Richard TECHER a marqué un arrêt et se trouve derrière moi. Le 3ème est à 17 minutes, c’est encore jouable. Et Julien à 1h30 ! Je souris à l’idée que cette année, il fait un joli pied de nez à son erreur de l’an passé quand à RIVIERE DES GALETS, il remontait en sens inverse sur le parcours du semi – raid. A l’heure qu’il est, je l’imagine déjà dans la montée de DOS D’ANE, en route vers une victoire énorme. C’est géant, et ça m’aide moralement.
Je file, bien déterminé, profitant de cette belle descente pour recharger les batteries avant de tout donner pour le final et la fameuse montée de DOS D’ANE. Comme je les attendais, fidèles au poste, les grenouilles sortent de leur abri et bondissent sur le sentier au mépris du danger de se voir réduites en bouillie. Ces petites présences sont amusantes et je prends soin de les éviter. Après 6 km, j’arrive au niveau de la rivière. C’est assez soudainement que je passe d’un sol dur à une surface sableuse. Sur le coup, ça surprend. Il faut changer d’effort pour se propulser. Bien placés en quête d’images rocambolesques, des cameramen filment ma traversée à gué de la rivière. Les gros cailloux humides faisant office de pont sont délicats à négocier si je veux éviter les plongeons. Ça passe plutôt bien, il ne me reste plus qu’à rejoindre le ravito de DEUX BRAS.
Je dois faire vite. Juste le plein d’eau mélangé à du coca, et 2 bananes. C’est l’effervescence ici. Caméras, Radio RER. Ils m’informent du départ d’Erik CLAVERY, 3ème à 10 minutes. Moi qui demandais une soupe, je préfère m’en passer et foncer vers la paroi qui me fait face.
Finalement un bénévole me rattrape avec un gobelet de pâtes et de bouillon. Très gentil, ça ! Je l’avale en vitesse et repars, super motivé. Ludovic POMMERET, 2ème, n’est pas trop loin non plus, à 23’.

Quelques instants après mon entrée dans le sous-bois, j’allume ma frontale. Julien m’avait donné des piles de super qualité pour la seconde nuit et c’est en effet fulgurant ! Ma vieille MYO XP pète le feu, un régal. Wahou ! A cette vitesse, dans cette première partie vallonnée avant d’attaquer la montée sèche, j’imagine que je reviens sérieusement sur mon prédécesseur.
Je croise pas mal de Réunionnais venus nous encourager sur ce tronçon très raide. Ils m’informent des écarts, qui réduisent, et me trouvent frais. C’est vrai que je m’éclate, pas le moindre souci d’estomac ; pourtant j’ai avalé davantage de gels qu’à mon habitude, mais en variant, suivant les conseils de Bran HERY qui me procure les produits énergétiques GO2.
Cette fois, j’y suis, la première échelle fixée dans la roche, les câbles ancrés dans les parois, il faut se hisser ! Les répétitions de ces passages sont autant de coups de sabre dans mon capital musculaire.
Que c’est dur ! Je regarde ma montre. Je sais qu’il faut tenir encore une demi- heure dans ces conditions avant de sortir du bois et trouver la route pour le stade de DOS D’ANE. Cette grimpée est vraiment terrible après 120 bornes.
Enfin j’entends des acclamations assez loin devant. Sans doute destinées à Erik. 6 minutes après, j’y suis à mon tour. La route monte encore pas mal, irrégulièrement. Je cours un maximum, encouragé par de nombreux spectateurs. L’ambiance réchauffe le cœur, et fait entrevoir la proximité du stade de LA REDOUTE, délivrance de cette Diagonale infernale.
Je parviens aux tentes de ravitaillement. Je n’oublie pas les bananes et la soupe malgré la rapidité de mon escale. En 2 minutes à peine je quitte les lieux alors que j’entends des applaudissements bien plus loin. J’imagine qu’Erik, annoncé 2’ avant moi, est déjà reparti.
Je fonce à sa suite, dans l’ascension de PITON BATARD, encore 500 m+. Il reste 20 km.
Après un quart d’heure, je vois une frontale derrière moi, à peu de distance !! Mince, un coureur revient ! C’est assez incroyable, vu le rythme, mais bon, j’y arrive bien, pourquoi pas un autre. Je pense à Fabrice … Et devant, toujours rien, c’est fou, ça !
Je relance dès que possible, marche vite et descends au maximum, grâce à l’excellent éclairage. Rien n’y fait, celui qui me colle a la pêche.
Enfin le pointage de PITON BATARD, promesse de pouvoir courir vite dans la partie descendante qui le suit jusqu’à KIOSQUE D’AFFOUCHE.
Et là, surpris, je suis annoncé 3ème ! Je comprends soudain. Erik n’avait pas fini de se ravitailler à DOS D’ANE quand je suis parti !
La suite n’est que cavalcade, maintenant que je suis lancé. Le chemin est à peine visible, masqué par les buissons serrés qui lèchent mes mollets. A plusieurs reprises, je saute par-dessus des rats. Parfois par 2, je les surprends et les évite de justesse. Pas très agréable, d’autant qu’ils sont balèzes !
Ça manque cruellement de balisage par ici. A un moment j’hésite même à faire demi tour, et suis extrêmement soulagé d’apercevoir un petit ruban rouge et blanc. En fait, il n’y a pas matière à se tromper, mais après 20h de course, il n’est pas évident d’être attentif à 100%.
Au loin, SAINT DENIS diffuse ses milliers de lumières, contraste saisissant avec la traversée sauvage que je viens d’effectuer, promesse de repos et de joie.
Au détour d’un mouvement de terrain, le silence est rompu par le bruit du poste de KIOSQUE D’AFFOUCHE.
Je m’y arrête à peine. Un reporter de Radio RER me suit quelques instants sur la large piste qui descend en douceur vers LA FENETRE, mais il se ravise rapidement car je n’ai pas l’intention de ralentir pour discuter. Erik me dira à l’arrivée qu’il filait lui aussi à 17 km/h sur une partie de cette piste.
Je m’étonne que mon corps recèle assez d’énergie pour courir ainsi depuis 21h !
Devant, l’écart reste le même avec Ludo POMMERET qui ne lâche rien, mais réduit considérablement avec Julien. Il doit gérer le final tranquille.
Je quitte enfin la piste usante, pour entrer dans la forêt. Multitude de bosses, cette partie renferme les derniers mètres positifs. Je ne peux malheureusement pas les courir tous, car ils sont parfois raides.
Petit comité d’accueil pour un pointage, 2’ plus tard j’entends les bénévoles applaudir Erik à son tour ! Quel final ! Je prends quelques risques dans les descentes, mille mercis à Julien pour les piles, et languis de sortir de ce bois.
Enfin, la voûte étoilée apparaît dans toute sa splendeur et en contrebas les lumières du ravitaillement de COLORADO. Ça sent bon l’arrivée. Quel accueil, quel enthousiasme des bénévoles !!
Je ne prends même pas d’eau, juste une banane et un morceau de pain que je mâchouille tout en courant.
Cette année, on peut officiellement prendre au plus court pour rallier COLORADO au stade de LA REDOUTE. C’est une bonne initiative.
Talonné de près, me semble-t-il, je donne tout ce qui reste dans cette descente, ne me posant aucune question, sautant de bloc en bloc, accélérant entre chaque virage.
Le stade paraît si proche ! Je prends enfin conscience de la performance, maintenant que l’écart est assez conséquent pour me croire 3ème pour de bon. Je suis heureux pour ma famille et mes amis qui me suivent sur Internet, imaginant leur joie après des heures d’attente devant l’écran et à l’écoute de Radio RER. Doublement heureux avec la victoire de Julien qui vient de m’être annoncée. On en a parlé de cette Diagonale !! Elle nous faisait rêver et nous fera rêver encore longtemps.
Qu’espérer de mieux pour remercier Monsieur LEGENDRE de nous avoir invités, sinon une victoire en équipe … Et ce sera le cas.
Enfin, je termine ce parcours. Il y a foule le long de la route. Je remercie chaleureusement tous ces gens venus si tard.

148 km, 9 130 m, 22h47. J’entre dans le stade illuminé, savourant ces derniers mètres en compagnie de Julien, sous les acclamations qui sont l’écho de mes émotions.
La joie est immense, la fatigue aussi, et le froid qui m’enveloppe, mais à l’intérieur, nul doute que la petite flamme de l’ultra ne tardera pas à trouver de quoi s’alimenter pour grandir à nouveau et distiller sa chaleur bienfaisante.
__________________

Antoine GUILLON "Coureur buissonnier"
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