Juste un petit récit pour vous narrer ma dernière aventure:
Samedi 27, 5h30, une toute petite nuit (2 heures), me voila dans la voiture, seul car la tribu a préféré dormir et vaquer à d'autres occupations aujourd'hui. Arrivé à La Bastide vers 8 heures, je récupère mon dossard, me change, confie les clefs à l'accueil et me dirige vers le départ, dans un champ: bref petit brieffing de l'organisateur pour nous dire de rester vigilant, de suivre la rubalise et les points de peinture blanche.
9h05, le départ est donné et très vite, je me pose la question de savoir si cet ultra-trail déjà rebaptisé en ultra-footing ne devrait pas devenir bientôt une ultra-randonnée, tant la course est partie lentement ...Connaissant ma nature à m'enflammer dès le début, je me décide quand même à accélérer doucement et ne tarde pas à doubler de nombreux concurrents, puis à en détourner d'autres qui tout en discutant ne prêtent pas attention à la peinture. Le premier ravitaillement arrive bientôt (2h43), alors que le parcours a jusque là été relativement roulant.
En bonne forme et malgré le profil embarqué qui me prédit une montée assez longue, je me prends à accélérer encore dans une descente assez technique en suivant puis rattrapant un coureur; nous finissons par stopper à la recherche de rubalise ....demi-tour et un quart d'heure de remontée; de retour sur le tracé, un peu en colère contre moi-même, je recommence à doubler malgré la montée; certains coureurs me reconnaissent déjà et me retrouveront un peu plus tard, quand je les doublerai à nouveau, suite à une nouvelle erreur d'aiguillage qui m'obligera de nouveau à une bonne dizaine de minutes de remontée pour retrouver la trace: je n'avais pas vu le portillon qu'il fallait ouvrir et avais préféré continuer au milieu d'un troupeau de vaches effarouchées à qui je reprochais juste d'avoir mangé la rubalise!
Au départ du second ravitaillement (5h45), je sais que le parcours qui m'attend monte tout droit pendant un long moment avant d'atteindre un plateau, du coup, je pars prudemment et marche régulièrement jusqu'en haut; là, malgré le brouillard, je trouve une barrière de rubalise et une grande flêche qui m'indique que le parcours part en angle droit; malgré cela, 2 coureurs sont partis tout droit et je me pose quelques questions avant de voir apparaître un autre concurrent derrière moi. Tant pis pour eux, il faut partir à droite ... en fait, les 2 devaient connaître (raccourci?), je les ai repris à un col quelques kilomètres plus loin. S'ensuit une longue portion de piste accidentée qui nous amène au refuge de Mariailles (43kms et 7h47 de course).A ce moment, une bonne soupe malgré la température me sera du meilleur effet, allant même jusqu'à me faire oublier la précédente tartine au pâté que je m'étais reprochée longtemps.
La seconde moitié se révèlera plus technique avec tout de suite de nombreux passages sur pierriers, autant en descente qu'en montée, très souvent en monotraces bien embroussaillés avec des épingles cachées, du ludique quoi! Peu après le refuge, je suis rejoint par un coureur et nous faisons alliance, au début sans rien dire, pour reprendre d'autres concurrents: il me donne la cadence en montée et s'efforce de me suivre en descente, cela dure quelques kilomètres, jusqu'au moment où, sur le point de reprendre 3 "cibles", nous sommes doublés par 3 espagnols dont une féminine, un avion, magnifique! Mon compagnon s'accroche, il explosera un peu plus tard; je préfère négocier la montée suivante à mon rythme, c'est-à dire tout doucement: la montée aux Cortalets est raide mais relativement courte; donnée en bas pour 2 heures sur une pancarte destinée aux randonneurs, je table alors sur un tel chrono, mais au bout d'une heure, je touche le sommet et atteints le dernier ravitaillement après être passé au bord d'un lac fumant (11h34).
Un sandwich jambon et une soupe plus tard, j'attaque le dernier tronçon accompagné du coureur explosé que je ne tarde pas à déposer; j'ai en effet encore une bonne pêche et les jambes sont encore prêtes à dérouler sur la piste qui suit; vient ensuite une descente technique en sous-bois, je sors la frontale et cours tant que je peux, les cailloux cachés sous les feuilles, les ronces, les orties, la terre glissante et les rochers me ralentissent beaucoup. Arrivé en bas, sur une route, je passe un bon moment à chercher mon chemin, jusqu'à ce qu'un concurrent que j'avais passé dans la descente ne me rassure:
"- si tu ne trouves pas de rubalise, c'est que tu dois suivre la route;
- mais j'ai déjà fait 300 mètres par là, y'a toujours rien!
- si si c'est par là!"
Effectivement après avoir trotté un moment, on trouve un point de peinture fluo ... ouf! Je continue alors que lui, rassuré, se remet à marcher. Suivent ensuite une succession de montées et descentes dans des sentiers plus ou moins dégagés où je passe mon énergie à chercher la peinture et les morceaux de catadioptre disséminés au compte-goutte; à ce moment, je pense en avoir bouclé dans une 1/2 heure, soit en 13h30, mais mon profil était certainement erroné car alors que je cours depuis un moment sur une route que je pense être le tronçon final, la peinture au sol m'aiguille à nouveau dans un sentier en pente jusqu'à un torrent à traverser et une montée infernale à reprendre puis une succession de montées, de plats, un autre torrent, d'autres montées, enfin un col sur la route puis des descentes en monotraces, celles que nous avions prises en montée le matin, avec juste pour indication de la rubalise non-fluo, celle que vous ne voyez que si votre lumière est dessus! Enfin à l'approche du hameau, la recherche de rubalise dans les champs finit par s'apparenter plus à de la CO de nuit tant je tâtonne, cours dans un sens, remonte dans l'autre, refais demi-tour pour enfin retrouver la salle d'arrivée sous les applaudissements de 2 bénévoles et des 3 autres coureurs qui sont là!(14h40'50 de course) Au moment de me rendre les clefs de la voiture, la bénévole me dit qu'elle a très vite arrêté de noter les temps d'arrivée et qu'elle n'a aucune idée de ma place; une chose est sure, très peu de coureurs m'ont doublé tout au long du parcours alors qu'au contraire ...A mi-parcours, un bénévole m'avait pointé 31ème et je lui avais ri au nez avant de lui expliquer que le but était juste d'arriver au bout.
Au final, je suis assez surpris de ma condition, allant jusqu'à courir dans les derniers hectomètres et rêvant déjà aujourd'hui de retourner courir, certain donc qu'il m'en restait encore un peu sous la semelle ... Mais, cette escapade doit me servir à peaufiner la préparation à l'UTMB: j'ai encore quelques détails à régler comme soigner les orteils, les tendinites aux coudes qui ne m'auront permis l'utilisation des bâtons que dans une unique montée, ...
Enfin, les Pyrénées auront fini de m'attirer, même si ce n'était pas du plus élevé ce samedi et déjà je rêve à mon programme 2010: ce sera certainement le GRP en Août!
Eric
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Sujet: Un petit Tour au Canigou 
